Éclats de voix

Éclats de voix

par A. ZIZA

Mourir ainsi, pour être immortel

 

Sangaré Abou Drahamane ne sera pas «témoin de la floraison des graines qu’il a semées». Il ne jouira pas non plus «de leurs fruits». non, le ‘’Gardien du temple’’ ne verra pas les retombées de la lutte. c’est un peu comme dans l’histoire de Moïse qu’il évoquait, lors du 4e congrès ordinaire, le 3 octobre 2018 à Moossou, Gd-Bassam. Pour mémoire, «Moïse n’a pas vu la promesse de Dieu».

Deux mois après cette allusion, le 3 octobre 2018, le président par intérim du FPI s’est couché pour l’éternité. Encore une fois comme dans l’histoire de Moïse, «Josué fera le reste du chemin avec le peuple élu». Sangaré parti, après avoir contribué à préparer «le droit à l’avenir», il faudra trouver un autre responsable pour faire «le reste de la route» avec le FPI. «Il en va ainsi de l’histoire des luttes et de la recherche du renouveau dans le monde», soutient-il.

L’homme intègre et fidèle interrompt son sacerdoce, sous la contrainte de la mort, à un moment crucial, un tournant de la vie du pays. Sangaré part maintenant, ce 3 novembre 2018, comme ça. il s’en va au moment où la Côte d’Ivoire est un foyer de tension, au terme du cycle infernal des scrutins organisés sous la dictature ; où le pays met le cap sur la présidentielle de 2020 ; où le FPI, sous sa houlette a décrété 2020, année de la reconquête du pouvoir d’Etat ; où le pouvoir de la haine lâche un peu du lest, relativement aux prisonniers, exilés politiques et aux conditions d’élections justes et transparentes ; où les forces du changement doivent mettre en branle le rouleau compresseur, pour la réforme de la CEI ; où le combat épouse un virage à 90°c, avec l’arrivée de Simone Gbagbo et de bien de leaders de la galaxie FPI. Chacun, même Laurent Gbagbo, est impuissant devant le fait accompli. Mais chacun aura compris le message que lance Sangaré. Le combattant s’oblige à déposer les armes, après plus de 40 ans de lutte, au moment où il reste beaucoup à faire. C’est une façon éloquente pour Sangaré, d’appeler à la responsabilité de chacun. Il a contribué à préparer le droit à l’avenir, mais ce sont ceux qui vivent qui devront continuer le combat. Il part comme ça, avec derrière lui, le temple et les disciplines désemparés pour que tous le gardent en mémoire.

Dans la recherche du renouveau, il sera dans l’esprit de chaque militant du parti qu’il a dirigé en tant qu’intérimaire du président Laurent Gbagbo, comme celui qui sonne l’heure du combat. Il sera dans l’esprit de chaque responsable comme le meilleur incubateur de la responsabilité, la probité, et l’intégrité. Il sera dans l’esprit de chaque patriote comme le témoignage de l’adhésion au combat, pour la dignité de l’afrique. tous se souviendront à jamais de ce premier Directeur de Publication ‘’dédié’’ à la prison afin que les journalistes soient libres d’écrire. tous le garderont dans l’esprit, un peu comme Moïse. Libre au FPI de trouver un «josué». Peu importe son identité, pourvu qu’il incarne le combat d’honneur qui rappelle Sangaré. Enfin Sangaré restera dans la mémoire de ses héritiers politiques comme celui qui a réussi l’exploit historique de faire tout, à l’absence de Laurent Gbagbo, pour maintenir le FPI débout, à l’issue du complot international dont il a fait l’objet. Sangaré meurt donc ainsi pour être vivant.

 

Source: La Voix Originale / N°370 du Lundi 05 Novembre 2018

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